Quatre filles en mousseline, venues des Djinns (chorale vocale féminine variétés-jazz utilisée en studio par le crooner Gilbert Bécaud et autres arrangeurs) marquées par les chanteuses américaines, en groupe (Ronettes, Shirelles, Crystals) ou solitaires (Lesley Gore, Brenda Lee), tentent en 1962 l'aventure originale du groupe pop. Démarche gonflée, car dans la France du début des années soixante les seuls groupes repérés sont, à part les Lionceaux, des gangs rock'n'roll, autrement dit - selon la mentalité coincée de l'époque - des voyous infréquentables. Alors pensez des filles !

Techniquement très au point, vocalement et rythmiquement (chez les Djinns on sait chanter, à la tierce et à la quinte, et on a le sens du swing), Graziella, Annie, Michèle et Suzie (les G-A-M-'S) vont s'approprier et traduire un répertoire américain original puisé chez Greenwich et Barry, Carole King et Gerry Goffin, les Beach Boys ou Phil Spector, le parsemant de 'Oh Yeah' et de 'Doooo wap' ! Quelques réussites émergent de cette intégrale longtemps attendue, les superbement enlevés "Il a le truc" ("He's got the power" des Exciters) et "Tiens-le" ("Get him" des mêmes Exciters), "C'est bien fait pour toi" ("Judy's turn to cry" de Lesley Gore), "Attention accident (sur l'autoroute de l'Ouest)" ("Shut down" des Beach Boys"), "Toi l'ami" (adaptation réussie de "All my loving" des Beatles), le pêchu "De quoi sont faits les garçons" ou enfin "L'anneau de feu", seule (?) version française de "Ring of fire" (standard de la country américaine) aux remarquables vocaux en paliers. En revanche la version de "Toujours un coin qui me rappelle" ("There's always something there to remind me" de Burt Bacharach pour Sandy Shaw) ne vaut pas celle d'Eddy Mitchell.

Les Gam's ont commencé leur carrière en septembre 1962, enregistré cinq Ep entre 1963 et 1964, le dernier mettant en avant le nom de leur soliste Annie Markan (future responsable de promo chez Carrere). Elles ont été de toutes les tournées d'été des "idoles" - les fameux galas aux étoiles -, participé au grand concert parisien de la Place de la Nation - 150000 personnes à l'été 1963 - et même accompagné Claude François sur scène. Les vingt titres de leur discographie sont présentés sur cette compilation très soignée, augmentés d'une prise inédite de "De quoi sont faits les garçons" et de deux versions en langue allemande de "Where did our love go" ("Wo ist unsere Liebe") et "I love you" ("Du sagst"), rares traces de leurs débuts

IL A LE TRUC

BEAU GARCON

NE ME DIS PAS DU MAL DE MON AMOUR

C'EST TOI MON IDOLE